Le 10ème rôle,
exposition de Valentin Tyteca à la Comédie de Reims, sur invitation de l'association Toc Toc
texte commandé par l'artiste et par l'association pour le livret.
Des frontières s’étendent, là, prêtes à se faire sentir, à se faire entendre. Elles sont celles, troubles, entre l’intérieur et l’extérieur ; entre ce qui oeuvre, au travail, et ce qui est fini ; entre le silence et un bruit soudain. Les travaux de Valentin Tyteca sont des incertitudes. L’artiste interroge les statuts qui lui sont conférés ainsi qu’à son oeuvre pour mieux les déstabiliser, les détrôner, et surtout en rire. C’est là son outil privilégié. Ses recherches déjouent et rejouent les codes qui animent la représentation contemporaine. En faisant appel aux étudiant·e·s de la Comédie et en les costumant de tenues streetwear noires, il interroge ce que l’apparence dit de soi et établit une connexion directe entre art, appartenance communautaire et théâtre. Il établit également un lien avec et entre les performeur·se·s. Le Lien apparaît aussi dans son usage des tendeurs, qui comme des tendons, élastiques, relient des éléments entres eux, voire à une ossature. La tenue de l’ensemble est permise par une tension qui est également susceptible d’oeuvrer comme une force provocatrice de mouvement, telle un ressort narratif. Les installations deviennent en ce lieu des éléments de décor. Non plus prises seulement pour elles-mêmes, elles deviennent une part de l’architecture et invitent à l’interaction.
L’escalier qui ne mène qu’au pied d’un mur, le banc incertain où l’on serait, assis·e, plus sur le qui-vive qu’au repos, la trappe de souffleur·se monumentale là où l’on attendrait une discrétion absolue, sont autant d’éléments absurdes et paradoxaux qui posent la question de leur rôle, de leur valeur, de leur utilité. Conscient qu’une violence symbolique peut s’exercer au sein du milieu de l’art, Valentin Tyteca s’attache à montrer qu’il existe de vastes continents au delà d’une apparente sphère isolée, peuplée de solitaires et inaccessible aux non-initié·e·s. Il inscrit l’art au sein du quotidien, à travers une expérience de groupe, souligne l’effort et le travail que suppose toute création par l’exposition de matières brutes, récupérées, poncées, pleines d’échardes encore. Avec la performance, il donne littéralement à voir un moment d’accrochage, ses outils, mais aussi les petites mains, les collaborateur·trice·s et les complices sans lesquel·les une exposition ne peut avoir lieu.
L’escalier qui ne mène qu’au pied d’un mur, le banc incertain où l’on serait, assis·e, plus sur le qui-vive qu’au repos, la trappe de souffleur·se monumentale là où l’on attendrait une discrétion absolue, sont autant d’éléments absurdes et paradoxaux qui posent la question de leur rôle, de leur valeur, de leur utilité. Conscient qu’une violence symbolique peut s’exercer au sein du milieu de l’art, Valentin Tyteca s’attache à montrer qu’il existe de vastes continents au delà d’une apparente sphère isolée, peuplée de solitaires et inaccessible aux non-initié·e·s. Il inscrit l’art au sein du quotidien, à travers une expérience de groupe, souligne l’effort et le travail que suppose toute création par l’exposition de matières brutes, récupérées, poncées, pleines d’échardes encore. Avec la performance, il donne littéralement à voir un moment d’accrochage, ses outils, mais aussi les petites mains, les collaborateur·trice·s et les complices sans lesquel·les une exposition ne peut avoir lieu.
Cécile Renoult, 2020